L’Ordre naturel
Les Amérindiens ne pensent pas que les animaux doivent être gardés en cage même pour leur sécurité. Quand un animal est tué pour la nourriture, il est naturel d’utiliser sa fourrure ou sa crinière pour se vêtir. De cette manière, l’être tout entier est respecté. Dans le cercle de la vie, l’ordre naturel veut que chaque animal soit la proie d’un autre. (…) Les Amérindiens utilisent des fourrures depuis des siècles. Elles leur permettaient de rester en vie durant les hivers froids. Mais les animaux étaient libres jusqu’à leur mort, autant que les Amérindiens, qui étaient aussi des proies pour certains animaux. Quand nous ne respectons pas ce cercle, le résultat nous donne quelquefois une leçon.
Le monde de l’Animal sacré
Les Amérindiens avaient un profond respect pour les animaux sauvages qu’ils chassaient et avec qui ils partageaient le territoire. Ensemble, ils vivaient leur vie pleinement jusqu’au dernier souffle. Quand la mort venait, elle était acceptée comme un acte naturel.
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Les Amérindiens imitaient et apprenaient les techniques de survie des créatures ailées, à nageoires ou à quatre pattes. Par conséquent, nous avions du respect pour les animaux que nous tuions pour manger, et nous disions des prières pour les remercier de donner leur vie pour assurer la nôtre. (…) Dans les traditions amérindiennes, il n’est pas rare que les animaux nous parlent. Beaucoup ont raconté des histoires sur la façon dont ils avaient conversé avec des animaux, des oiseaux et des insectes. Je crois que la communication entre les humains et ceux qui appartiennent au monde animal ne se fait pas avec des mots, mais avec un lien spirituel qui nous dirigera vers ce que l’animal veut nous montrer. Aucun animal ne m’a jamais parlé, mais je sens qu’ils sont mes guides.
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Les plumes, spécialement celles de l’aigle, peuvent servir dans les cérémonies de la danse, de la guérison, et pour d’autres médecines afin d’aider à se garder un chemin sans aspects négatif et sans maladie. (…) Les plumes d’aigle viennent aux gens qui savent les employer d’une manière spirituelle. (…) Elles gagnent en pouvoir spirituel quand elles sont utilisées pour la prière ou pour une cérémonie. (…) Nous pensons que, si une personne obtient des plumes d’une mauvaise manière, elles seront mangées par les punaises et retourneront à la nature.
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Les Cérémonies
Toutes les cérémonies amérindiennes ont lieu dans un cercle sacré, que ce soit celui de l’Univers, de la zone dans laquelle nous vivons ou celui du petit cercle des personnes qui nous entourent. Le quotidien des Amérindiens est imprégné de cérémonie, depuis leur lever jusqu’à ce qu’ils s’endorment. Ils commémorent chaque instant de la vie, de la naissance à la mort, les bons comme les mauvais moments. Les célébrations font partie de leur vie et leur permettent de rester en relation avec eux-mêmes, leur famille et leurs amis, la Terre, le Créateur et l’Univers, de s’éloigner des tâches quotidiennes et de la lutte de chaque jour.
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La Musique
Les chants font partie de notre monde spirituel surnaturel et de notre vie quotidienne. Ils reflètent nos différentes humeurs et accroissent le pouvoir de notre médecine. Chaque cérémonie comprend des chants : la pipe sacrée, la cabane à sudation, la danse du soleil, les powwows, la mort, la guerre, les moissons. Nous avons aussi des chants pour le tabac, la guérison, l’humour, et pour presque tout ce que nous faisons.
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Une chanson peut contenir un message aux Ancêtres, à Grand-Mère-Terre, ou au Créateur. Nous chantons dans notre langue natale, parfois accompagnés au tambour, comme pour une litanie.
Les tambours
gardent le rythme des battements cardiaques. Le fait de savoir jouer du tambour peut venir d’un instinct naturel, comme lorsque nous frappons avec un crayon sur le bureau, ou encore lorsque nous faisons courir un bâton sur une clôture. Pourtant cela prend une plus grande signification pour les Amérindiens. Le tambour est considéré comme un cadeau du Créateur. Beaucoup pensent qu’il projette le son du tonnerre. Il a de nombreuses tailles et des formes différentes.
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Le battement du tambour reste en harmonie avec le rythme du corps et les battements cardiaques, peu importe qu’il soit rapide ou non. Les chants qui ne respectent pas notre rythme biologique peuvent créer des désordres dans l’esprit, le corps et les pensées. A l’occasion, je prends moi aussi mon tambour, je le joue et je chante. Il m’aide à évacuer quelques-unes de mes frustrations et me berce. Parfois, j’ai juste besoin d’entendre sa magnifique sonorité ; d’autres fois, j’ai simplement envie de le faire résonner. Souvent, il fait ressortir l’enfant qui est en moi. Jouer du tambour apaise et rend sain.
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Les hochets
sont utilisés dans les cérémonies de guérison par les prieurs qui ont besoin d’appeler les esprits. Ils sont fabriqués dans une variété de courge évidée ou dans du cuir brut tendu et rempli de cailloux, de sable, de perles, de petits os et de grains secs.
La Pipe sacrée
Dans la plupart de nos cérémonies, nous utilisons la pipe sacrée pour demander l’aide des esprits et envoyer des messages au Créateur.
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A mes yeux, ma pipe est sacrée, et je l’utilise pour différentes raisons. La pipe sacrée est une sorte d’autel portable et représente la chair du peuple. Toutefois, lorsque je priais sans pipe avant de la recevoir, le Créateur répondait quand même à mes prières. Même si le Créateur entend nos prières et y répond quand nous sommes seuls, lorsque nous l’invoquons en groupe avec la pipe, nos prières unies sont plus puissantes. (…) J’ai réalisé que ce n’est pas parce qu’une personne est en possession d’une pipe qu’elle sait l’utiliser à la manière amérindienne, ni qu’elle est forcément une personne-médecine. Pourtant chacun a droit à sa propre médecine. Mais seule une personne qui a reçu les directions d’un Homme Saint dans la tradition amérindienne est autorisée à faire une cérémonie pour les autres ; toutefois les individus peuvent se rassembler pour prier avec leur propre pipe sacrée.
Le Cercle sacré
Nous pensons que les choses sont liées de façon circulaire et que les cercles peuvent être infinis ou minuscules. Votre pensée ou la circonstance sont les seules choses qui délimitent la taille du cercle. Toute création possède son propre cercle sans commencement ni fin.
En tant qu’individu, nous sommes le centre de notre propre cercle. Lorsque le cercle d’autres créatures est cassé ou détruit, le nôtre aussi est endommagé, parce que tous s’imbriquent et interfèrent les uns dans les autres.
(…) Heureusement, comme le Phoenix renaissant de ses cendres, des millions de personnes à travers le monde travaillent ensemble à réparer ces cercles brisés et à guérir Mère-Terre. En prenant connaissance de notre environnement et en cherchant à le restaurer, nous guérissons non seulement notre propre cercle, mais aussi bien d’autres.
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Les Amérindiens ont de nombreuses façons de visualiser le cercle sacré. Certains le font avec une roue de médecine faite de leurs couleurs personnelles, d’animaux, de plantes, ou de pierres, représentés à des endroits spécifiques de la roue.
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Les « directions » sont le Nord, l’Est, le Sud et l’Ouest, ainsi que le Haut et le Bas. Pour nous, les Amérindiens, elles sont des instructions pour notre chemin et impliquent une certaine manière de faire les cérémonies et les rituels. Nous avons tous nos propres directions, routes et chemins à suivre.
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Je ne crois pas que nous fassions entrer la spiritualité en nous ; je pense que c’est une chose qui est à l’intérieur de chacun d’entre nous et qui s’extériorise grâce aux prières.
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Nous savons aussi que certains esprits nous aident et nous guident sur nos chemins. Ces esprits peuvent être des animaux, des ancêtres, ou des entités mystiques, telles que l’Oiseau-Tonnerre.
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A mon sens, la spiritualité des Indiens d’Amérique n’est pas une religion, ni un système organisé de foi et de culte. C’est une façon de vivre, un chemin. Elle nous enseigne le respect pour Mère-Terre et la gratitude pour tous ceux qui l’habitent. Bon nombre de nos cérémonies et de nos rituels sont faits pour remercier la Terre et le Ciel de nous apporter la subsistance. Quand nous mangeons de la viande, nous remercions la créature qui nous a nourris. Quand nous cueillons la sauge, nous rendons le tabac au Créateur pour le remercier de nous l’avoir donnée. Nous remercions le Créateur chaque jour de notre vie en empruntant notre chemin. C’est ce profond respect des Amérindiens pour la vie qui étonne tant les autres. Je pense que c’est le respect qui m’a ramené à mon héritage. Je pense que cet héritage et l’intérêt pour notre environnement, qui ont éveillé la curiosité sur notre mode de vie.
De nos jours, les gens recherchent une plus grande connaissance de nos liens avec la Terre, le Ciel et les autres humains. Ce que j’offre ici n’est qu’un moyen, un chemin, et ce chemin comme tous les autres, mène au centre du cercle. »
Extraits de :
Center of the World. Native American Spirituality,
Don Rutledge & Rita Robinson, Newcastle Publishing Co, Inc